11 mars 2025
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L’évasion

Sous la lumière de la lune descendante, le petit hibou lutte et se démène pour rompre  le  lien qui enserre sa patte. Il ne veut pas mourir mangé comme ses parents, arrivera-t-il à s'échapper et trouver refuge ailleurs ?

Chapitre 1 : La fuite

 

Sous la lumière de la lune descendante, le petit hibou lutte et se démène pour rompre  le  lien qui enserre sa patte. Il donne des coups de becs sur la corde, qui s’effiloche peu à  peu. 

Il a réussi à franchir la porte de la sombre et immense verrière où il a vécu enfermé  toute sa vie.  

A l’autre bout du lien, un grand hibou au regard mauvais tire de son côté pour ramener  le fugitif. 

L’issue est incertaine, le petit oiseau n’est pas assez fort pout résister longtemps. Mais il  ne veut plus être l’esclave de l’aigle-roi et de sa cour de grands-ducs, ni l’objet  de leur  violence, de leur profond mépris. Il ne veut pas mourir comme ses parents,  et tire, tire, donne des coups de bec ! … 

Soudain, la corde casse ! Le petit hibou bascule, se relève et se précipite vers le sous-bois  proche, courant sur ses petites pattes. 

Le grand hibou s’envole pour le rattraper, le punir, le manger … 

Otus, c’est le nom du petit hibou, s’est caché dans une souche d’arbre ; son plumage gris  et sa petite taille le servent bien, pour une fois.  

Il entend le battement feutré des ailes de son ennemi passer et repasser, et ferme les  yeux pour éviter tout reflet qui le trahirait.  

Les heures passent, le jour se lève.  

Otus ne bouge toujours pas. Il pense à ses parents, mangés quelques jours auparavant  pas l’aigle-roi de la verrière.  

Des petits hiboux aimants, affectueux, mais tellement faibles face aux oiseaux dominants … La force de leur amour n’a pas suffi à les sauver ; au fond de sa cache, il se désespère  de ce monde violent.  

Il doit s’enfuir, vite, mais pour aller où ? Et il ne sait pas voler, il n’avait pas le droit.

Ses parents lui ont parlé plusieurs fois d’une verrière accueillante et baignée d’une belle  lumière, loin en direction du sud.
Il décide de partir à sa recherche !

 

Chapitre 2 Le voyage 


La nuit tombée, Otus se met en route et contourne largement la sombre verrière. Les  grands hiboux sont déjà sortis en quête de nouvelles proies, de nouveaux esclaves.  

Il fait bien attention à rester à couvert, et observe étonné le monde hors de la verrière.  Le vent, le bruissement des feuilles dans les arbres, le pas délicat de l’araignée sur le sol,  la faible lumière des étoiles qu’il aperçoit pour la première fois, le hululement d’autres  hiboux …   

Il inspire profondément et ressent la richesse et la profondeur de sa connexion avec ce  monde qui l’entoure !  

Crac ! Son attention relâchée un instant, il marche sur une branchette qui se brise en  faisant un bruit de tonnerre ! Vite, il se coule dans un petit trou du sol et reste immobile,  le cœur battant. Deux grands hiboux viennent d’arriver, et descendent en fonçant  directement vers lui.   

Soudain, une claire lumière apparaît de nulle part et les aveugle. Surpris, ils remontent … La lumière disparaît. Perturbés, les grands hiboux reprennent leurs recherches, mais un  peu plus loin. Ouf !   

 

Plus tard, Otus reprend sa route. Quelle chance il a eu !  Sa mère lui parlait de sa bonne  étoile, peut-être lui a-t-elle sauvé la vie ? Il lui a semblé un moment que cette lumière  sortait de son corps, mais ça ne peut pas être ça ! 

Il a faim mais ne sait pas comment se nourrir dans ce monde. Il marche lentement, …  longtemps. …

Au détour d’un arbre, il aperçoit au loin une nouvelle verrière, sombre et immense elle  aussi..  Ainsi, il y en a d’autres dans ce monde, pense-t-il, tremblant de peur! Il reste  immobile un bon moment, évaluant les risques d’en être si proche.  

 

Un bruit à gauche le fait sursauter. Il tourne la tête et  aperçoit un petit hibou qui  s’approche.  

– que fais-tu ici, lui demande celui-ci ? 

– Je cherche une verrière lumineuse et accueillante, plus au sud, répond Otus,  soulagé de rompre sa solitude. 

– Ce n’est pas ici que tu la trouveras ! cette sombre verrière sème la désolation et la  mort dans toute la région. 

– Oui, je m’en doute. Mais toi, que fais-tu ici, à te mettre en danger, si près ?
– Je suis un guetteur ! 

– Un guetteur ? 

– Oui, pour prévenir mon clan quand les grands hiboux sortent.  

– Un clan ? 

– Oui, un clan. Si tu veux, je t’y emmène à la fin de mon tour de garde. Je m’appelle  Pilo. 

– Et moi Otus. 

 

Deux heures plus tard, Otus rejoint le clan avec son nouvel ami. Il est accueilli par l’un  des anciens.

– Bonjour petit hibou, je m’appelle Kotis. Qu’est-ce que tu fais ici, tout seul ?
– Bonjour, je m’appelle Otus, et je suis à la recherche d’une verrière lumineuse et  accueillante, plus au sud. 

– Oui, j’en ai entendu parler, mais je crois que c’est une légende ; les verrières que  j’ai connues étaient toutes sombres, hélas ! Veux-tu te reposer et te nourrir avec  nous ? 

– Oh oui, avec plaisir, merci ! Je reprendrai ensuite ma route. 

Il apprécie son repos au creux d’un arbre à l’odeur délicate, et la nourriture variée et  délicieuse à base de petits insectes. 

 

Au crépuscule suivant, Pilo vient prévenir Otus : les grands ducs sont sortis de la  verrière en quête de chair fraiche ! Il ne faut plus bouger, ne plus faire un bruit, rien !  Otus entend à nouveau le vol feutré des grands hiboux, qui passent, repassent, et  explorent tout le territoire.  

Il a peur, se fait tout petit dans son trou d’arbre, et se désespère une nouvelle fois de la  violence de ce monde. 

L’alerte est enfin levée. Le clan n’a pas été repéré, et n’aura donc pas à déménager en  urgence  vers un autre endroit du sous-bois. 

 

Otus remercie les oiseaux qui l’ont accueilli puis reprend son voyage vers le sud. Il se repose en journée, caché dans des petits trous d’arbres ou dans le sol, et voyage la  nuit, avec prudence, sur ses petites pattes. Il prend de l’assurance, sait maintenant  comment éviter les principaux dangers, se nourrit quand il le peut d’insectes trouvés ici  ou là.  

Un matin, fatigué par sa marche nocturne, il s’endort et rêve qu’il trouve enfin la   verrière lumineuse. 

Il se réveille à la fin du jour, surpris d’avoir dormi si longtemps, et soulagé d’être encore  vivant ! 

Il reprend sa route, mais … quelque chose l’intrigue.  Les sens en alerte, il observe  longuement son environnement, les sons, les mouvements, les odeurs qui pourraient  signaler un danger … Rien …  

Et puis un déclic se fait : ce chemin, il le connaît, c’est celui qu’il a parcouru dans son  rêve !  

Il marche, marche … Le soleil va bientôt se lever. Otus sait qu’il est maintenant très  proche de la verrière lumineuse et presse le pas. 

Soudain, une ombre, un bruit d’ailes feutré, un grand hibou plonge sur lui … Il n’a pas le  temps de bouger, de se cacher. Il ferme les yeux, se fait tout petit et attend le choc, la  mort …  

Mais il ne se passe rien.  

 

Il entrouvre un œil, et voit un grand duc posé près de lui, souriant largement.
– Excuse-moi, petit hibou, de t’avoir fait peur. Je ne te veux aucun mal ! Je m’appelle  Bubo et suis heureux de t’accueillir. 

– Bon…bon…bonjour Maître, balbutie Otus. 

– Appelle moi Bubo, pas de cérémonie entre nous. Comment t’appelles-tu ?
– Otus. 

– Bien Otus, suis-moi, dit Bubo en ouvrant ses ailes. 

– Je…je ne sais pas voler, dit Otus, je suis désolé. 

– Ah, pauvre petit hibou, quelle tristesse de ne pas savoir voler pour un oiseau !  Mais cela peut s’arranger, suis-moi ! 

Et Bubo se met en marche lentement, suivi par Otus. 

 

 

Chapitre 3  L’arrivée 

Ils débouchent tous deux dans une vaste clairière  avec en son centre une magnifique  verrière diffusant alentour une claire et chaleureuse lumière ! 

Otus se tient là, le souffle coupé, émerveillé … 

Il est présenté à la communauté par Bubo. Les oiseaux  se réjouissent de son arrivée et  lui souhaitent la bienvenue. Otus remarque que les sourires  sont chaleureux, comme  étaient ceux de ses parents et de ses amis. Des larmes de gratitude le submergent. Il se  sent bien, chez lui. 

 

Plus tard, installé dans le creux d’un petit tronc d’arbre,  Otus s’endort et rêve de ses  parents, de ses amis, de son passé, du grand voyage accompli… 

Il rêve aussi de  nouvelles aventures et sourit dans son sommeil

 

Thèmes liés à ce récit
aventure fantastique
Emancipation
histoire fantastique
Liberté
non violence
paix
petit hibou
verrière aux idees
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