4 L’oiseau de lumiere -2-
Otus le petit hibou est poursuivi par une créature redoutable qui sait elle aussi franchir les mondes. Sa formation d'oiseau de lumière et l'aide qu'il recevra suffiront-elles à le sauver ?
L’oiseau de lumière-1-
Une rencontre effrayante
Dans la profondeur de l’espace, la créature se tient immobile. Seuls bougent ses tentacules à la recherche de nourriture.
Otus dérive lentement vers cet être sombre, immense, boursoufflé, aux reflets violacés.
La créature a senti sa présence et s’approche.
Le petit hibou veut partir, mais ne peut pas, hypnotisé par le tentacule qui se balance toujours plus près, et qui finit par l’attraper.
La souffrance est terrible, une force colossale presse l’esprit en feu d’Otus pour le vider de son énergie vitale et le manger.
Soudain, une grande lumière jaillit de l’espace. Sa clarté désagrège instantanément les nuées sombres de la créature. Il en sort un petit être désemparé, tout de suite accompagné vers l’espace éclairé par des esprits de lumière.
Otus se réveille alors, tremblant, mais libre!
Il voit arriver Bubo, un grand hibou.
— Otus, comment vas-tu?
— Ah Bubo, j’ai cru mourir dans mon rêve…
— Oui Otus, nous avons senti ta détresse et sommes intervenus tout de suite.
— La grande lumière? demande le petit hibou.
— Oui, répond Bubo. Peux-tu me dire ce qui s’est passé, exactement?
Otus lui raconte son rêve, son désir de retrouver ses parents défunts dans le monde des esprits, la rencontre avec cette terrible créature.
— Tu voyages facilement entre les mondes, dit Bubo, et cela comporte quelques risques.
— Merci sincèrement, répond Otus, de m’avoir sauvé de cette créature!
— Ah Otus, un jour, plus tard, c’est peut-être toi qui veilleras sur moi!
— Oui Bubo, mais comment devenir plus fort et aider à mon tour ? demande Otus.
— Quelle impatience, petit hibou ! s’amuse Bubo. En priorité, Tycia, ton enseignante, va te montrer comment te protéger des mauvaises rencontres.
Les exercices de paix intérieure
Le lendemain, Otus retrouve Tycia, déjà au courant de sa
mésaventure.
Il aperçoit avec joie Chevia, une jeune chouette amie.
— Bonjour Otus, dit l’enseignante. Avec Chévia, qui est ma nouvelle assistante, nous allons travailler sur les exercices de paix intérieure. C’est la première étape nécessaire pour devenir un oiseau de lumière.
Otus, peux-tu me dire comment tu respires, s’il te plait ?
— Heu … , hésite le petit hibou, ne sachant quoi répondre pour une chose aussi simple.
— Ha Ha ! reprend Tycia en souriant. C’est tellement automatique que l’on ne sait pas!
Quand tu as l’esprit calme ou que tu dors tranquillement, ta respiration devient plus lente, plus profonde.
Mais quand tu es stressé, ta respiration devient plus rapide, plus courte. Elle te prépare à te battre ou à t’enfuir, à réagir vite sans trop réfléchir.
— Oui, se souvient Otus, dans la verrière sombre, les oiseaux étaient stressés et violents, j’avais très peur et me cachais sans arrêt, cela m’a sauvé plusieurs fois!
— Mais ici, reprend Tycia, dans notre communauté, nous sommes protégés des dangers immédiats et voulons vivre dans une paix durable.
Alors chaque oiseau s’entraîne à maîtriser sa violence, à garder son calme par le contrôle de sa respiration.
— Mais Tycia, intervient Otus, maintenant que je suis calme, il faut quand même que je fasse l’exercice?
— Oui Otus, répond Tycia, amusée. En pratiquant régulièrement, tu contrôleras mieux ta respiration, et ton esprit apaisé te dira un grand merci!
Sur les indications de Tycia, Otus commence l’exercice, sans forcer.
A l’inspiration, il gonfle d’abord la base de ses poumons, puis le milieu et enfin le haut, dans un mouvement fluide, lent et tranquille.
A l’expiration, il relâche le souffle lentement, en douceur.
Il s’absorbe dans l’exercice, et prend plaisir à sentir son apaisement progressif.
— Bravo Otus, dit Tycia, tu as compris comment faire. Entraine-toi régulièrement, et retrouvons-nous dans une semaine pour la suite.
— Oui Tycia, merci beaucoup, répond Otus, heureux de cette belle découverte.
Les nuits suivantes, Otus pratique avec Chevia, même en volant haut dans le ciel! Sa respiration s’allonge peu à peu, naturellement. Son esprit lui semble plus serein, plus fort, plus joyeux.
Et il aime la compagnie de Chévia, cela doit compter aussi!
Un soir, pendant qu’il fait sa part des travaux communautaires, il croise Kétou, un autre petit hibou.
— Alors Otus, demande celui-ci, tu travailles avec Chévia?
— Oui Kétou, elle m’aide beaucoup, répond Otus.
— Ah, je m’en doutais! dit Kétou. Alors je te préviens, Chévia est ma petite amie, ne t’approche plus d’elle si tu ne veux pas d’ennuis! continue-t-il, menaçant.
— Mais je ne cherche pas d’ennuis, je t’assure, plaide Otus.
— C’est ça, ironise Kétou, retourne d’où tu viens, on n’a pas besoin de toi ici, et gare à tes plumes si tu t’approches encore d’elle!
Puis Kétou le bouscule, le fait tomber, et s’en va en lui jetant un regard sombre.
Otus rentre chez lui, triste et abattu. Il s’enfonce dans son trou d’arbre et ne veux plus en sortir. Il n’a plus le cœur à travailler.
Plus tard, il entend qu’on l’appelle avec insistance : Otus, Otus!
Il sort péniblement de son trou et aperçoit Bubo le grand hibou, avec Chévia. Un aigle immense les accompagne.
— Oui, dit-il d’une petite voix, effrayé par le grand oiseau.
— Ah, dit Bubo, je suis content de te trouver ici!
— Moi aussi, enchaine Chevia, Kétou m’a ordonné de ne plus te voir, et je suis allé trouver Bubo pour lui signaler ce comportement inacceptable.
— Peux-tu me dire ce qui s’est passé avec Kétou, demande Bubo?
Otus lui raconte sa mésaventure dans le détail.
— Ah c’est très regrettable, dit Bubo. L’esprit de Kétou s’assombrit et son comportement devient violent. Nous devons l’aider.
Je te laisse avec Chevia et mon ami Aquilus, vous pourrez ainsi faire connaissance.
Et Bubo s’envole rapidement.
— Bonjour Otus, dit Aquilus, ne t’inquiète pas pour Kétou, les oiseaux de la communauté vont l’aider.
— Merci, répond Otus. Mais comment Kétou peut-il changer? Il ne m’aime pas et m’en veut de passer du temps avec Chévia!
— Tu sais, reprend Aquilus, j’étais autrefois un aigle-roi violent. Un jour, Bubo et d’autres oiseaux de lumière ont éclairé mon esprit, et j’ai beaucoup changé. Ils savent comment aider Kétou.
— Euh … reprend Otus, est-ce vous mangez encore des oiseaux?
— Rassure-toi, répond Aquilus, je suis membre de cette communauté, comme toi, et ne mange aucun oiseau ici.
Je vis plus loin dans la montagne et me nourris peu, de petits animaux affaiblis, en fin de vie. Et j’évite toute souffrance inutile.
— Otus, intervient Chevia. Je vois que tu es perturbé. Je te propose de continuer nos exercices, cela t’aidera à reprendre confiance en toi.
— Je vais rester un moment pour t’aider moi aussi, ajoute Aquilus.
Le soir même, Otus, réconforté, rejoint Tycia. Son amie Chevia et le grand aigle Aquilus sont déjà là.
— Otus, je suis contente de te revoir, dit Tycia.
— Bonjour Tycia, soupire Otus, je ne sais pas si je suis encore capable de continuer ma formation.
— Je suis sûre que oui, répond Tycia. Aquilus et Chevia vont t’aider pendant le cours. Reprenons l’exercice de respiration profonde.
Les oiseaux s’entrainent ensemble. Otus ressent l’influence apaisante du groupe sur son esprit. Sa respiration s’allonge, se ralentit, s’approfondit. Il retrouve les sensations agréables de l’exercice et se sent mieux.
— C’est très bien, dit Tycia. Maintenant, ferme les yeux et imagine toi face au soleil levant. Guide à l’inspiration sa lumière et sa chaleur pour en remplir tout ton corps. Imagine qu’il gonfle un peu, comme tes poumons dans ton thorax. A l’expiration, relâche en douceur ton souffle et détends ton corps qui reprend sa taille habituelle, comme tes poumons.
Si tu ressens un muscle, une articulation, un organe interne en tension, dirige à l’inspiration la chaleur et la lumière vers cette partie du corps, fais la bouger doucement en imaginant qu’elle gonfle un peu, puis relâche la entièrement à l’expiration.
Continue le temps qu’il faut pour détendre complètement tout ton corps.
— Je n’y arrive pas, se désole Otus après plusieurs respirations.
— Rassure-toi, intervient Aquilus. Il m’a fallu du temps pour moi aussi ! On peut calmer son esprit et détendre son corps de différentes façons. Ici, avec la méthode de Tycia, tu dois essayer par toi-même et bien observer ce qui t’aide à te détendre ou non. C’est par ce travail personnel que tu progresseras.
Ils pratiquent ensemble, un long moment, en silence. Otus cherche et trouve peu à peu comment associer sa respiration lente et profonde, la lumière et la chaleur du soleil imaginaire, la tension puis la détente de chaque partie de son corps.
Le sens de la vie
A la fin du cours, Otus pose à nouveau une question à Aquilus.
— C’était comment, Aquilus, quand vous étiez roi ?
— Ah Otus, je constate avec plaisir que ma grande taille ne t’effraie plus, signe que nous avons bien travaillé ensemble, lui répond-il avec un clin d’oeil !
En tant que roi, j’étais égoïste et violent. Méfiant, je surveillais tout le monde, tout le temps. Ivre de pouvoir, je faisais n’importe quoi.
Bubo et ses amis m’ont éclairé sur le sens de la vie. Maintenant, je suis heureux d’apporter à mon tour aide et lumière aux êtres qui en ont besoin.
Reconnaissant, Otus remercie sincèrement Tycia, Chevia et Aquilus, et aussi Bubo par la pensée.
Il se promet de pratiquer toute sa vie ces exercices de paix intérieure.
Il rejoint son petit arbre qui sent si bon et s’endort en paix, rêvant d’oiseaux de lumière.
Aucun tag associé.
Otus le petit hibou est poursuivi par une créature redoutable qui sait elle aussi franchir les mondes. Sa formation d'oiseau de lumière et l'aide qu'il recevra suffiront-elles à le sauver ?