4 L’oiseau de lumiere -2-
Otus le petit hibou est poursuivi par une créature redoutable qui sait elle aussi franchir les mondes. Sa formation d'oiseau de lumière et l'aide qu'il recevra suffiront-elles à le sauver ?
La découverte
Depuis plusieurs nuits, dans l’immense verrière, Otus cherche… Il cherche à la demande de Tycia, son enseignante… Il cherche partout, sans se distraire… Il cherche la source de la lumière.
Fatigué, il se repose un instant. Un bruit d’aile lui fait tourner la tête. Bubo, un grand hibou amical, se pose près de lui.
— Bonjour Otus, comment vas-tu?
— Bonjour Bubo. Je vais bien merci, mais je n’arrive pas à trouver d’où vient la lumière!
— Ah Otus, c’est un exercice difficile pour un petit hibou, tout seul. Mais beaucoup d’oiseaux peuvent t’aider. As-tu demandé autour de toi?
— Non, je n’ai pas osé, répond Otus.
— C’est dommage, dit Bubo. Ici, tu peux compter sur la communauté.
Et Bubo s’envole, sans autre parole.
Otus est étonné. Il a le droit de parler à des inconnus, comme ça? Il se dirige vers un arbre voisin où habite un vieux hibou.
— Bonjour, je m’appelle Otus et cherche d’où vient la lumière. Pouvez-vous m’aider s’il vous plait?
— Bonjour Otus, je m’appelle Mitor, dit l’ancien d’une voix chevrotante. Tu es bien jeune, j’ai cherché comme toi à ton âge, et veux-tu savoir ce que j’ai trouvé?
— Oui Je le veux bien! s’exclame Otus, intéressé.
— Alors accroche-toi: cette lumière de vie, cette claire lumière, elle vient de nous, les oiseaux, et de tous les êtres vivants ! Et oui!!! Mais attention, pour que ça marche, il faut bien faire ses exercices et être cool dans la vie!
— «Cool»? demande Otus.
— Ah oui, répond Mitor : je veux dire calme, autonome, attentionné aux autres, et cetera et cetera… Mais, pffou!!! C’est pas toujours facile! J’en ai connu, des mal éclairés, qui voulaient tout commander!
— Mais comment…? veut savoir Otus.
— Je ne sais plus très bien pour le reste, dit Mitor, demande aux autres!
Otus le remercie et continue son chemin.
Son amie Chévia, une petite chouette qui lui apprend à voler, le rejoint.
— Ah bonjour Chévia, que je suis heureux de te voir!
— Bonjour Otus, tu cherches la source de la lumière? demande-t-elle avec un petit sourire.
— Oui, mais je n’avance pas beaucoup!
— Ah, j’en suis désolée, répond-elle. Viens voler avec moi, pour te changer les idées! Il y a un grand courant ascendant, à l’ouest. Il peut nous transporter loin dans le ciel!
Otus retrouve tout d’un coup le moral. Il adore voler, et surtout avec Chévia ! Ils gagnent en quelques battements d’ailes un arbre immense près de la verrière. Otus va sur la branche la plus haute. Il se concentre un moment… et se jette dans le vide! Wouaouhhhh, c’est génial!!!
Il déploie ses ailes puis rejoint Chévia dans le courant ascendant. Ils montent tous deux dans le ciel à toute vitesse! Otus passe dans un petit nuage, en apprécie la fraîcheur, joue dans le vent avec les plumes de ses ailes, de sa queue, tourne et virevolte en riant!
Au loin, l’horizon l’appelle… Ainsi, être un oiseau, c’est aussi cela, avoir tant de liberté et tant de joie dans le ciel?!
Il tourne la tête vers son amie.
— Mais, Chévia, tu brilles!!
— Oui Otus, c’est quand je me sens bien, comme maintenant! répond-elle.
— C’est parce que tu es cool? demande Otus, fier de sa connaissance toute fraîche.
— Ah ah, s’exclame Chevia, je vois que tu en sais déjà beaucoup! Je pratique aussi des exercices quotidiens qui m’éclairent sur ce qui est important dans ma vie!
Otus pense qu’il doit s’agir des mêmes exercices que ceux cités par Mitor. Il ouvre le bec pour en savoir plus, mais Chevia le précéde:
— Est-ce que tu vois encore ma lumière? demande-t-elle, les yeux brillants.
— Oui Chévia, répond Otus. Tu es… euh… ta lumière est très belle, se reprend-il, belle comme celle de la verrière!
— Aaahhh! fait Chévia, ravie. Allez viens, maintenant!
Elle adresse un clin d’œil à son ami et fonce à toute vitesse vers la mer! Celui-ci accélère à son tour et la suit avec un grand sourire.
L’explication
Le lendemain soir, Otus retrouve Tycia, son enseignante, et lui rend compte de ses recherches:
— Dans la verrière, commence Otus, la lumière vient de tous les oiseaux qui font bien les exercices et qui sont cools!
— « Cools »? demande Tycia.
— Euh… balbutie Otus qui essaie de se rappeler les mots de Mitor, je veux dire calmes, bien dans leur peau, bien avec les autres, bien dans ce qu’ils font, mais sans vouloir tout commander…
— Bravo Otus! l’encourage Tycia. Quand les oiseaux, comme ici, sont nombreux à faire les exercices, ils vivent libres et en paix, «cools» comme tu dis, et font ensemble une grande et belle lumière qui les unit et les aide à s’épanouir!
— Mais Tycia, pourquoi, dans la verrière où j’étais avant, c’était tout sombre?
— Ah Otus, lorsqu’il y a trop de violence, trop de stress, les oiseaux souffrent et ont peur, ils se referment sur eux et deviennent sombres, tristes, brutaux à leur tour.
— oui, je sais, répond Otus en songeant à son ancienne vie, à toute cette violence subie et à la peur qui le tenaillait si souvent… Mais comment faites-vous ici ?
— Chaque oiseau, dit Tycia, apprend très jeune à devenir un oiseau de lumière, à pratiquer quelques exercices qui éclairent son esprit et contribuent à cette belle ambiance lumineuse dans laquelle nous vivons en paix. Nous te les apprendrons bientôt.
Devenir un oiseau de lumière? Otus est impatient d’en savoir plus!
Reconnaissant, il sourit à Tycia puis rentre dans son gîte douillet, dans son petit arbre qui sent si bon.
Il s’endort et rêve… Il rêve qu’il survole lentement un paysage de campagne, gris et calme. Au loin, des montagnes aux clairs sommets, comme enneigés, apportent une grande sérénité. Il s’approche d’une verrière grise, et, surpris, voit ses deux parents en sortir et le rejoindre!
— Maman, papa! Quel bonheur de vous retrouver!
— Otus, répond sa mère, quel bel oiseau tu deviens!
— Nous avons pu suivre tes aventures, dit son père et sommes fiers de toi! Tu sais même voler maintenant!
— Oui, c’est merveilleux! répond Otus. Mais comment… Mais où sommes-nous?
— Nous sommes dans le monde des esprits, lui répond sa mère. C’est un endroit de passage, après la mort, où chaque esprit se prépare à rejoindre un au-delà mystérieux.
— Mais, est-ce que je suis mort moi aussi?! s’inquiète Otus.
— Non, tu es bien vivant, s’amuse son père, c’est ton esprit qui voyage!
— Alors je pourrai revenir vous voir, demande-t-il avec espoir?
— Bien sûr Otus, avec joie! répond sa mère dans un grand sourire. Il faudra cependant que nous quittions ce monde, un jour. Pour l’instant, nous sommes bloqués ici, car il n’y a pas assez de lumière pour nous éclairer…
Otus se réveille, heureux d’avoir retrouvé ses parents!
Le soir même, il parle à Tycia de son rêve.
— Il faut aussi de la lumière, dans le monde des esprits? demande-t-il.
— Oui Otus, et c’est la même lumière de vie. Elle est nécessaire pour l’épanouissement des êtres du monde physique et du monde des esprits.
Otus est émerveillé par cette continuité entre les mondes.
L’engagement
— Est-ce que je pourrai apporter de la lumière à mes parents? demande-t-il à Tycia.
— Bien sûr Otus, répond celle-ci. Il s’agit d’une connaissance particulière que nous pouvons te transmettre. Voudras-tu rester avec nous pour te former et exercer tes talents, librement?
Otus est ému! Il le souhaite si fort depuis son arrivée!
— Oui, j’en serai fier et heureux! répond-il. Merci beaucoup Tycia!
Celle-ci sourit et le prend affectueusement entre ses ailes. Surpris, Otus sent une vague de joie le submerger et des larmes couler, doucement.
Maintenant et ici, il est enfin chez lui.
Et il sait ce qu’il veut faire : devenir un oiseau de lumière, vivre en paix, éclairer les chemins du monde des esprits.
Otus le petit hibou est poursuivi par une créature redoutable qui sait elle aussi franchir les mondes. Sa formation d'oiseau de lumière et l'aide qu'il recevra suffiront-elles à le sauver ?